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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/38

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pouvait dorénavant servir de juge pas plus que de commandant.

Il nous parut donc, Très Excellents Princes, que pour faire régner l’ordre et la paix parmi nous et pour nous bien gouverner, il convenait de nommer aux noms de Vos Majestés dans la dite ville, pour administrer la justice et pour chef et capitaine, l’un de nous à qui nous dussions rendre compte pour qu’il en pût référer à Vos Altesses Royales ; et comprenant que personne n’en pouvait être chargé à meilleur titre que Fernand Cortes, parce que, en dehors de sa valeur personnelle, il est tout dévoué au service de Vos Majestés, comme aussi pour la grande expérience qu’il a des pays d’outre-mer, ce dont il a donné tant de preuves ; si nous ajoutons qu’il a dépensé tout son avoir pour venir avec cette flotte servir les intérêts de Vos Majestés ; qu’il a tenu pour rien l’abandon des profits qu’il aurait pu faire ; nous avons cru qu’il méritait, au nom de Vos Altesses Royales, d’être nommé chef de la justice et premier alcade, et nous l’avons nommé : après quoi il nous fit les serments d’usage. Nous le proclamâmes alors en notre conseil municipal et dans notre maison de ville, chef de la justice et capitaine de vos armes royales, ce qu’il est et demeurera tant que Vos Majestés ne décideront rien d’autre pour le bien de leur service. Nous avons voulu faire de toute cette organisation un rapport complet, afin que Vos Altesses Royales sachent bien ce qui a été fait et dans quel état nous vivons ici.

Cette élection achevée, étant tous réunis dans notre salle des séances, nous convînmes d’écrire à Vos Majestés et de leur envoyer tout l’or, l’argent et les bijoux que nous avons amassés dans ce pays et non seulement le cinquième qui vous appartient d’après vos ordonnances royales, mais le tout, comme étant notre première offrande, sans en rien réserver pour nous, désirant montrer par là le dévouement que nous avons pour votre service, comme nous l’avons déjà montré en sacrifiant nos personnes et nos biens. Cette résolution prise, nous choisîmes pour nos représentants Alonso Fernandez Porto-Carrero et Francisco de Montejo que nous envoyons à Vos Majestés avec notre trésor ; pour que de notre part ils baisent vos mains royales, et qu’en notre