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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/39

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nom et au nom de notre conseil municipal, ils supplient Vos Altesses Royales de vouloir nous accorder quelques grâces qui nous permettent de travailler à la gloire de Dieu et de Vos Majestés comme à la prospérité de notre ville ; ce sont là les principales instructions que nous leur avons données. Nous supplions donc humblement Vos Majestés, avec tout le respect que nous leur devons, de vouloir bien accueillir nos envoyés, de leur donner vos mains royales à baiser de notre part et de leur accorder les faveurs que nous les avons priés de nous demander ; parce que, en dehors du service que Vos Majestés rendront à Notre Seigneur, à la ville et à son conseil municipal, nous recevrons avec reconnaissance ces marques de faveur, comme nous espérons nous montrer dignes d’en recevoir d’autres.

Dans un précédent paragraphe de cette lettre, nous disions à Vos Altesses Royales que nous leur envoyions une relation afin que Vos Majestés fussent informées de toutes choses concernant ce pays, de sa configuration et de ses richesses, de la race qui l’habite et des lois, rites et cérémonies qui la régissent. Cette contrée, Très Puissants Seigneurs, cette contrée que nous occupons au nom de Vos Majestés, a cinquante lieues de côtes d’un côté et de l’autre de cette ville ; les bords de la mer sont plats et sablonneux et quelquefois sur une largeur de plus de deux lieues dans l’intérieur ; une fois en dehors des sables, la terre s’étend en plaines fertiles, coupées de petites rivières et couvertes de champs cultivés d’une si belle et si charmante apparence qu’il n’est rien de comparable en Espagne ; il règne en ces pays un air de paix et la fertilité y est grande pour toutes les choses qu’on sème ; tout y semble admirablement organisé ; et l’on y voit paître une foule d’animaux. Il y a dans cette contrée toutes sortes de quadrupèdes et oiseaux semblables aux nôtres, tels cerfs, chevreuils, daims, loups, renards, perdrix, pigeons et colombes de deux ou trois espèces, cailles, lièvres et lapins, de manière qu’en fait d’oiseaux et d’animaux il n’y a pas de différence entre cette terre et l’Espagne ; mais il y a des lions et des tigres à cinq lieues de la mer et quelquefois à moins.

Il y a une grande chaîne de montagnes très belles et la plu-