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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/394

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ville et je fis tout préparer pour le recevoir le lendemain ; mais il m’envoya dire de ne point me déranger, et qu’il resterait là jusqu’à l’heure du dîner, mais que je voulusse bien lui envoyer un chapelain pour dire la messe. Je le lui envoyai.

Je craignis qu’il ne voulût échapper à notre empressement, et je me tins prêt ; mais quoi que je fisse, il partit de si matin, que je le rencontrai dans la ville, où je l’accompagnai au couvent de San Francisco ; là, nous entendîmes la messe. La messe finie, je lui demandai qu’il voulût bien nous montrer ses pouvoirs, puisque le conseil municipal se trouvait près de moi ainsi que le trésorier et les comptables. Il s’y refusa, disant qu’il nous les présenterait un autre jour. Il nous réunit en effet dans l’église cathédrale, le conseil municipal et tous les officiers de Votre Majesté. Là, il nous les présenta ; moi et tous les officiers présents, les reçûmes avec la plus grande révérence, les baisant et les élevant au-dessus de notre tête, comme il était dû aux ordonnances de notre Seigneur et Roi, jurant de nous y conformer en tout et pour tout comme Votre Majesté nous le commandait, après quoi on lui remit tous les insignes de son haut pouvoir. Une fois toutes les formalités accomplies devant notaire public, comme il convenait au personnage que nous envoyait Votre Majesté Catholique, il fut proclamé sur la grande place de Mexico ma résidence.

Ce procureur général fut dix-sept jours sans m’adresser une seule question, puis il tomba malade, ainsi que tous ceux qui étaient venus avec lui. Luis Ponce mourut de cette maladie et trente des personnes qui l’avaient accompagné moururent aussi, parmi lesquelles deux religieux de l’ordre de Saint-Dominique. Il en reste beaucoup d’autres en danger de mort par suite de cette peste qu’ils apportèrent avec eux. Cette maladie s’attaqua même aux gens de Mexico, dont deux moururent, sans compter nombre d’autres qui n’en sont pas encore remis.

Luis Ponce étant mort, nous lui fîmes les funérailles qui convenaient au personnage que nous avait envoyé Votre Majesté. Alors le conseil municipal de Mexico et les procureurs de toutes les villes qui se trouvaient à Mexico me prièrent et me firent même sommation, au nom de Votre Majesté Catholique, que