Aller au contenu

Page:Courouble - La Famille Kaekebrouck,1902.djvu/104

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
90
FERDINAND MOSSELMAN

et des impasses, débouchaient les colporteuses au ventre rebondi, les marchands d’abat-jour, de lacets, de mine de plomb, tout le menu gibier quotidien de l’insatiable police.

Ferdinand leva les yeux et s’attendrit. Dans le ciel tendu de pâle azur, s’avançaient lentement d’épais nuages blancs, de merveilleux nuages, pareils à d’énormes « blocs » de ouate.

— Ah, pensait-il, le beau ciel de quand j’étais petit !

Sa joie s’accrut de jolis souvenirs. Une magie enveloppait son âme. Des brises amies frôlaient son visage. Les passants avaient un aspect bienveillant et doux. Les choses dégageaient comme un sourire fraternel, humain.

Il allait dans une allégresse juvénile, ému de sensations neuves. Tous ses sens s’épanouissaient. Il gagnait une acuité de vue, de flair et d’ouïe vraiment surprenante…

L’air résonnait du hennissement des juments qui se cabraient entre les brancards, s’ébrouaient des naseaux et secouaient leur lourde crinière.

L’eau des abreuvoirs s’égouttait dans les vasques en perles plus claires, en notes plus harmonieuses et plus fines.

Souvent, passaient des chiennes poussiéreuses,