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Page:Courouble - La Famille Kaekebrouck,1902.djvu/107

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FERDINAND MOSSELMAN

femme. Il se demandait pourquoi, dans les réunions de famille où il la rencontrait chaque semaine, il n’avait jamais accordé la moindre attention à cette petite demoiselle, modeste et silencieuse, mais si prévenante et surtout si bonne pour les enfants. Elle surgissait fraîche et souriante de la pénombre et il ne revenait pas d’un étonnement qui le ravissait et l’entretenait dans un trouble ineffable. Occupé de sa vision, il ne voyait plus rien dans la rue et cheminait en coudoyant force passants.

Pour la première fois de sa vie, un sentiment complexe, indéfinissablement tendre et grave, levait en lui… L’intuition d’un amour heureux, très long, éternel, venait hanter son esprit dont la perpétuelle moquerie se taisait enfin devant l’apparition chaste et pimpante de la vertueuse beauté !

Délicieusement obsédé, humant la brise romanesque, il pressa le pas, car il lui tardait maintenant d’être dans son bureau, pour mieux s’abstraire en son rêve et vivre bien seul pendant des heures, immobile comme un fakir, sous le charme de ses indicibles sensations.

Il arriva au ministère cinq minutes avant neuf heures et, sans prendre garde aux huissiers stupé-