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FERDINAND MOSSELMAN

enfin déterminé après mille hésitations, mais à qui l’on annonce tout à coup que le dentiste le recevra seulement demain…

Mosselman se promena dans le vaste magasin, respirant la bonne odeur balsamique, s’arrêtant devant les énormes rouleaux de câbles et les poulies et les grands filets goudronnés qui donnent l’âpre nostalgie de l’océan…

Comme il s’avançait vers le fond de la pièce, une petite serre, accotée à la boutique qu’elle dominait de quelques marches, retint tout à coup ses regards charmés. Une grosse vigne tordait ses vieux sarments le long des carreaux soigneusement lutés, et commençait de s’épanouir en feuilles tendres. Tout autour, sur des gradins, étaient rangés des pots de géranium et de fuchsia dont les fleurs vives contrastaient avec le feuillage maigre. Dans une cage verte accrochée au mur, sautillait un oiselet. Une lumière tranquille, blonde, fusant de la cour profonde, régnait dans la petite serre et venait doucement caresser un pupitre jaune sur le versant duquel reposait un énorme livre relié de toile.

Mosselman se crut transporté dans le tableau d’un petit maître hollandais. Il demeurait là, ému de ravissement, évoquant la vie simple et