Aller au contenu

Page:Courouble - La Famille Kaekebrouck,1902.djvu/130

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
116
FERDINAND MOSSELMAN

tre une action indigne d’un homme d’honneur. Vous avez abusé de la confiance…

Il ne put achever et partit d’un grand éclat de rire.

— Mon bon Jérôme, s’écria la jeune fille en se jetant dans ses bras, il m’aime, il m’aime !

— Hé, je le savais, et je l’ai bien vu, repartit le brave homme avec émotion.

Le rayon de soleil s’était évadé de la cour, et, dans la serre assombrie, la vieille vigne aux branches coursonnes éteignait doucement ses verdoyantes feuilles placées à contre-jour ; les fleurs de géranium s’avivaient au contraire et prenaient un contour plus précis. Le petit oiseau avait fini de sautiller : immobile sur son perchoir, il s’endormait dans ses plumes… Le pas des passants devant la porte de la rue se marquait plus net. L’ombre descendait dans le magasin, exaltant les parfums de goudron, appâlissant les trous noirs, estompant toutes les marchandises. Seules, les brosses de chiendent retenaient encore un peu de lumière et mettaient au plafond comme une douce clarté de nimbe.

Ils babillaient pleins de joie. Maintenant, Mlle Verhoegen, enhardie par le crépuscule, bandait la main blessée de Ferdinand. Et son