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Page:Courouble - La Famille Kaekebrouck,1902.djvu/140

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FERDINAND MOSSELMAN

stupéfaits en le voyant si maigre, si pâle, l’air si las. Oui, il était changé. Un silence embarrassant tomba dans la pièce et personne, pas même M. Rampelbergh, si verbeux d’ordinaire, ne parvenait à desserrer les lèvres, quand Joseph entra bruyamment et s’affaissa sur sa chaise.

— Ouf, dit-il en tendant son assiette à sa femme. Eh bien, le baptême, comment ça a-t-il marché ?

— Mange seulement, dit Adolphine, j’attends après toi pour sonner…

Joseph avala son potage avec une vitesse de deux cuillerées à la seconde. Mais, comme il s’essuyait les moustaches, il aperçut le berceau, placé un peu en arrière, entre sa mère et sa femme. Aussitôt, sa figure s’assombrit. Il fixa Adolphine :

— Tu sais, fit-il d’un ton sévère, que ça je n’aime pas ! Quand nous sommes seuls, c’est très bien, si ça nous amuse de garder l’enfant à côté de nous… Par exemple, quand il y a du monde, Albert doit rester avec sa bonne, je l’ai dit plus de cent fois !

Tous les convives protestèrent avec force. Le petit ne bougeait pas, il têtait son biberon très gentiment…