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Page:Courouble - La Famille Kaekebrouck,1902.djvu/142

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FERDINAND MOSSELMAN

Un moment, il demeura rêveur, hanté par le ressouvenir de son passé littéraire. Mais, brusquement, on poussa devant lui un superbe gigot.

Il saisit un grand couteau et s’apprêtait à trancher la pièce, quand Alberke s’agita dans sa barcelonnette, préluda à petites plaintes et, tout à coup, éclata en cris perçants.

— Ça y est ! grinça Joseph en coupant nerveusement la viande ruisselante de jus.

Mais Adolphine s’était levée. Elle saisit l’enfant et, sans mot dire, vivement elle se retira dans le salon avec sa belle-mère.

— Hein, comme c’est gai ! fit Joseph, agacé, mais jubilant tout de même de voir sa prédiction accomplie.

Derrière la porte, on entendait les deux femmes qui chantaient en se promenant pour endormir le bébé.

— Tenez, c’est déjà fini, interrompit Mme Timmermans, qui se leva et passa dans la pièce voisine.

Aussitôt, Mme Rampelbergh et Pauline, entraînées par l’exemple, disparurent à leur tour.

Les hommes restèrent seuls et se regardèrent ahuris : Ferdinand lui-même ne put s’empêcher de sourire devant cet exode précipité.