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PRÉFACE

aux lattis verts des boutiques éclairées par des lampes à pétrole et où l’on vend des « boestrings », des moules à la daube, des chandelles en suif, de la morue et des boîtes d’allumettes à couvercles rouges — « on » allait rue de Flandre, rue au Beurre, voir les vitrines : elles resplendissaient : il s’y dressait sur de grands papiers blancs des « spikelaus » doux comme le miel du paradis et qui représentaient des « mêkes » avec des parapluies ouverts, des « pêkes » avec de hauts chapeaux comme celui de Paul Krüger, et des soldats qui avaient l’air de porter l’ancien shako des gardes-civiques, au temps du général Pletinckx. Puis s’étalaient les pains d’épice : sur la grande croûte noire s’enlevaient, en sucre peint, des frises : elles représentaient le mariage du Roi, Van Campenhout chantant la Brabançonne, la fuite en Égypte, la place des Martyrs ou l’inauguration de la ligne de Bruxelles à Anvers.

Quand je rentrais, vers la porte de Ninove, le canal était pris par la glace ; dans les bateaux arrêtés les cabines s’éclairaient : comme on se trouvait aux veilles de grandes fêtes, les pavillons déjà hissés au sommet des mâts battaient la nuit : malgré l’obscurité je distinguais les rouges des jaunes. Les étoiles brillaient, me disaient :