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Page:Courouble - La Famille Kaekebrouck,1902.djvu/150

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FERDINAND MOSSELMAN

fit un signe à Mosselman qui s’empressa de lui offrir le bras.

— Eh bien, fit-elle aussitôt à voix basse, vous allez la voir… Je l’ai invitée. Elle sera ici dans une demi-heure…

Il pâlit, étreint d’une absurde angoisse et s’affaissa sur le tabouret de piano.

— Laissez-moi partir, murmura-t-il, je ne dois pas la revoir. Ça me ferait trop de mal.

Elle ne put s’empêcher de rire :

— Comme vous êtes bête ! Mais puisque je vous dis qu’elle n’aime que vous ! Elle ne sait pas sentir Cappellemans ! Écoutez, continua-t-elle d’un air mystérieux, je suis en train d’arranger quelque chose avec Joseph, nous avons une idée…

Il tournait tristement sa cuiller dans une petite tasse. Il soupira :

— Oh laissez-moi, je n’ai tout de même plus d’espoir !

Puis, brusquement, dans le réconfort inavoué que lui donnait la gaie assurance de la jeune femme, un flux de paroles jaillit de ses lèvres. Il dit combien il était malheureux. Jamais, il n’avait éprouvé un chagrin pareil. Il ne dormait plus, il ne mangeait plus. Il sentait sourdre en lui des