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Page:Courouble - La Famille Kaekebrouck,1902.djvu/166

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FERDINAND MOSSELMAN

superficie, la hauteur des entrepôts, la forêt de mâts aux cordages inextricables.

Par un système ingénieux, inspiré des dernières baignoires brevetées dont les eaux s’élancent et s’écoulent par le même orifice, le niveau du canal et des bassins tantôt s’abaissait, laissant affleurer les gluantes vases où les coques s’enlisaient et se couchaient sur le flanc, et tantôt remontait avec méthode afin de simuler le mouvement de la marée. Ce « truc » était surtout pour faire enrager les Anversois et leur prouver que notre port était aussi sérieux que le leur.

Alors, Mosselman fit mugir les gros vapeurs de 5,000 tonnes : les grues, les crics, les élévateurs travaillaient, gémissaient sur les quais où s’entassaient des pyramides de barils et de sacs, des montagnes de caisses et de marchandises de toutes sortes. Une multitude de chargeurs et de charrettes attelées de robustes chevaux donnaient à ce tableau l’aspect d’un fourmillement éperdu.

Mais le jeune homme traversa un pont et déboucha dans la rue de Flandre.

La vieille artère, l’une des plus anciennes et des plus glorieuses de la ville, avait repris toute sa beauté archaïque. Les pignons denticulés ou roulés en volute avaient été reconstruits tels qu’ils