Page:Courouble - La Famille Kaekebrouck,1902.djvu/18

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
viii
PRÉFACE

quet de gardes civiques, tu brosses une cocasse étude à la Craesbeek : l’orchestre de l’aubade éclairé par les torches, et la fanfare qui tonitrue. Dans la boutique d’un marchand de cordes à la rue Sainte-Catherine, n’avais-tu déjà jeté une goutte de la poésie ambrée dont Pieter de Hooghe dore ses toiles ?

Tu donnes les amours, les mariages, les naissances, et la mort touchante du vieux Cappellemans, dont son fils soude lui-même le cercueil ! Toute la vie qu’abritent les vieux pignons à escaliers et les murs frottés de chaux jaune, derrière les fenêtres à « espions » ou les vitrines encombrées de « peperkoeks », de feuilles à « décalcomanie », de cartes postales qui reproduisent Manneken-Pis ; la vie que contiennent les salons, encore si Louis-Philippe, des vieux bruxellois, avec les portraits du temps de Navez, et les tasses dorées du Premier Empire ; la vie « bon enfant » qui grouille sous les clochers des Riches-Claires, du Béguinage, du Finistère, depuis la place du Jeu de Balle jusqu’à l’Allée Verte ; la cordialité, que certains trouvent vulgaire, de ces bons bourgeois, libéraux ou catholiques, leurs fêtes, leurs larmes, leurs joies, comme si quelque Jan Steen t’avait passé son pinceau transformé en une plume : c’est dans tes pages !