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Page:Courouble - La Famille Kaekebrouck,1902.djvu/181

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FERDINAND MOSSELMAN

tourna, frappa deux coups de baguette sur son pupitre et, levant le bras d’où jaillit la manchette, il attaqua la première valse.

La danse était impossible : elle eût été plus facile à des figues de Smyrne comprimées dans leurs caisses. Pourtant, telle est la puissance du rythme et telle la frénésie des jeunes filles, que le bloc se mit tout de même en mouvement.

Des couples étouffés trouvaient un reste de force pour sauter en l’air, comme font, les soirs d’été au-dessus de l’eau, les grosses carpes avides d’oxygène…

– Tenez, s’écria tout à coup Mme Kaekebroeck, voilà Adolphine et M. Mosselman !

Ils venaient de s’accrocher au garde-fou de la galerie. Ferdinand, bien arcbouté, protégeait sa danseuse, opposait au torrent humain son dos, ses reins, solide comme une pile de pont. Tous deux riaient et faisaient des signes comiques, désespérés, aux trois dames.

– Hein ça, comme Adolphine est bien ! dit Mme Timmermans avec emphase.

En effet, la jeune femme resplendissait de grâce et de gaîté.