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Page:Courouble - La Famille Kaekebrouck,1902.djvu/198

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LA VENGEANCE DE Mme POSENAER

Il était en Suisse, à Ragatz, en attendant qu’il passât les monts et descendît à Lugano. C’est du moins ce que lui avait rapporté M. Posenaer, sur la foi d’une lettre récemment adressée par la jeune Mme Mosselman à son père et que celui-ci lisait avec émotion, la larme à l’œil, aux pratiques de la corderie.

À l’évocation des époux, que leur tendresse promenait enlacés sur la marge fleurie des torrents, dans ces paysages magnifiques de la Via Mala au milieu desquels l’amour s’exalte et défie la satiété, Mme Posenaer ne pouvait réprimer un frisson d’angoisse. Alors, songeant aux caresses de l’amant perdu, une haine sulfurique ruisselait dans ses veines et sa pensée en dérive s’en allait, tournoyant comme une épave dans le remous d’un courant criminel…

Oh cette petite Thérèse Verhoegen ! Quelle Sainte Nitouche ! Jamais astuce de grande coquette avait-elle égalé le manège de cette gamine, presque verte encore comme une stékebees !

Par quelles tendres amorces, par quels lacs introuvables dans le magasin de la piperie sentimentale, cette fillette insignifiante et timide sous ses bandeaux de vierge, au regard baissé, aux