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LA VENGEANCE DE Mme POSENAER

lèvres toujours closes, avait-elle pris le cœur de Ferdinand Mosselman ?

Elle était riche ! Mais le jeune homme avait dédaigné des partis plus avantageux, notamment les cent mille écus de Mlle Cluyts, la fille du grand farinier du Marché-aux-Porcs. Non, personne ne pouvait accuser Mosselman de cupidité.

Thérèse était jeune ! Mais elle, la jolie Mme Posenaer, comme partout on la nommait, est-ce qu’elle ne l’emportait pas sur cette gringalette par sa maturité souveraine, savante en amour ? Pourquoi repousser le fruit juteux qu’elle était et croquer cette petite groseille verte ?

Et Mme Posenaer s’abîmait dans les conjectures.

Pourtant, en cette brûlante matinée de juin, elle sentait parfois mollir sa rancune au souffle mûrissant d’un vague espoir.

Accoudée à sa toilette, dans une pose rêveuse, ses jolis bras nus émergeant d’un peignoir de tulle, elle se reportait aux jours lointains.

Une à une, elle refaisait toutes les étapes de son amour. C’était Ferdinand à la noce dramatique de Théodore Van Poppel ; et elle le voyait aussi au banquet de première communion du petit Spruyt et de la petite Platbrood. Oh, ses galants propos, ses aveux nargueurs ! Oh ce pre-