Aller au contenu

Page:Courouble - La Famille Kaekebrouck,1902.djvu/204

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
190
LA VENGEANCE DE Mme POSENAER

Et M. Posenaer parut, écarlate, ruisselant de sueur, dans un complet d’orléans gris.

— Jésus Maria, dit-il en s’épongeant le front avec un immense mouchoir, il fait une chaleur de bête ! Et nous sommes seulement le trois juin. Qu’est-ce que ça va être au mois d’août ? Heureusement qu’on sera à Heyst…

Il s’écroula sur le divan rose où il demeura comme anéanti, la tête souriante versée sur l’épaule gauche, les bras morts et les jambes ouvertes.


C’était un gros homme — donc un bon homme, comme dit Cervantès — plein de santé et de belle humeur. Quarante-cinq ans, mais il ne les portait pas. De fait, aucun souci ne ridait son front étroit. Tout lui avait réussi d’ailleurs. Sa fortune gagnée dans les épiceries ou plutôt dans le « trafic des produits coloniaux » comme disait sa femme, était « rondelette » et solidement placée. À quarante ans, quelques mois après la mort de sa mère, il avait épousé Mlle Charlotte De Smet, la fille d’un petit cordonnier de la rue de Laeken.

Il l’aimait, mais d’un sentiment tranquille, en vieux garçon chaste, couvé trop longtemps sous les jupes maternelles.