Aller au contenu

Page:Courouble - La Famille Kaekebrouck,1902.djvu/216

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
202
LA VENGEANCE DE Mme POSENAER

gamines, la figure tout empourprée par les « radeie coupeie ».

À peine les mères avaient-elles le temps de s’exclamer sur le débraillé de leurs enfants, de tapoter avec un mouchoir leur front perlé de sueur, que les petits sauvages repartaient déjà en bondissant pour des courses nouvelles.

Enfin, derrière ce public assis parce que venu de bonne heure, coulaient sans interruption des flots de promeneurs, messieurs entre deux âges, dandies coiffés du haut-de-forme gris, jeunes gens et jeunes filles flirtant, minaudant de leur mieux.

Il faisait doux, léger dans l’air. La chaleur s’était un peu abaissée. La verdure épandait une fraîcheur délicieuse que toutes les poitrines aspiraient avec ivresse après une journée de feu.

Cependant, les Guides, rentrés dans le kiosque, s’accordaient au milieu d’une cacophonie discrète où brochaient les fioritures de la petite flûte. Le chef monta au pupitre : d’un coup de son bâton, il imposa silence à l’orchestre, puis, après une pause, il attaqua l’ouverture du Tannhäuser.

M. Verhoegen et ses amis regagnèrent leurs places aux premières mesures du Venusberg. « Dans notre clique », comme disait M. Posenaer, personne n’écoutait les musiciens, hormis le