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LA VENGEANCE DE Mme POSENAER

brusque qui lui était familier, on doit lire ça, n’est-ce pas Joseph ?

Puis, interpellant tout à coup M. Verhoegen, elle cria :

— Vous savez, ils disent qu’ils se portent très bien et qu’ils ont un appétit ! Ils mangent comme deux loups !

Elle avait mis dans cette phrase toute la candide pétulance de sa nature. Aussi, demeura-t-elle interdite devant l’explosion de gaîté qu’elle provoqua chez les hommes. Déjà, M. Rampelbergh risquait de très fortes plaisanteries…

— Allons, tu seras toujours la même gaffeuse, dit Joseph en regardant sa femme penaude, d’un air de découragement comique.

Cependant, Mme Posenaer avait pâli. Les paroles d’Adolphine venaient de lui porter un rude coup. Et longtemps elle resta muette, les yeux fixes, braqués sur la foule remuante qu’elle ne voyait pas.

— Eh bien vous ne dites plus rien ? observa Mme Rampelbergh.

— J’ai un point, répondit-elle, ça va passer.

Elle sortit de sa stupeur. Elle comprenait à présent que Mosselman était à jamais perdu pour elle. Chose étrange, et pour la première fois