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Page:Courouble - La Famille Kaekebrouck,1902.djvu/226

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LA VENGEANCE DE Mme POSENAER

peut-être depuis la rupture, il se mêlait dans la violence de ses regrets une sorte de réel dépit contre elle-même de n’avoir pas mieux compris l’âme de Ferdinand Mosselman…

Tandis qu’elle s’humiliait ainsi, son regard se posait parfois sur son épais mari : elle lui en voulait de sa bonne face sanguine qui montrait la parfaite santé de son corps et de son âme. Elle en arrivait presque à blâmer cette inaltérable confiance qu’il lui avait toujours témoignée ; et voilà que, doucement, sans qu’elle y prît garde, montait en elle une petite colère contre ce brave homme parce qu’il ne l’avait jamais désirée, parce que ses sens auprès d’elle restaient toujours imperturbablement calmes.

Elle n’était pas loin aujourd’hui de qualifier d’un terme injurieux cette tendresse dont il ne cessait de l’entourer, tendresse paternelle si fort appréciée jadis, quand elle lui permettait de se donner sans partage à son amant.

Aussi bien, une longue continence ayant enrichi ses veines, Mme Posenaer était surprise de se découvrir tout à coup la ferme volonté d’inspirer quelque frénésie sensuelle à ce mari trop insoucieux de son devoir, et d’expérimenter enfin dans ses bras la saveur d’un plaisir légitime.