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Page:Courouble - La Famille Kaekebrouck,1902.djvu/241

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LA VENGEANCE DE Mme POSENAER

maintenant à M. Posenaer des noms très tendres et détailler avec fanfare tous les achats utiles qu’elle avait faits à son intention dans la journée. Elle avait pensé à tout afin que le gros homme ne manquât de rien et ne pût prendre froid sur la digue. Une telle sollicitude était vraiment étrange de la part d’une femme qui n’en montrait d’ordinaire que pour elle-même. On ne reconnaissait plus cette petite dame si insatiablement coquette ; il semblait qu’elle eût subitement changé de nature.

D’ailleurs, il n’y avait pas jusqu’à M. Posenaer qui, par-dessus la bonne humeur d’une légère « pointe », ne montrât quelque chose de particulier et d’indéfinissable qu’on n’avait jamais remarqué chez lui. Et c’était l’air glorieux de sa face épanouie, son œil plus vif, et ce penchant à une sorte de grivoiserie de langage et de mains, dont une pudeur innée l’avait sans cesse gardé jusqu’à ce jour…

Cependant, M. Rampelbergh, qui était descendu à la cave, poussa doucement la porte du pied et s’avança avec précaution, tenant dans chacune de ses mains un petit berceau où dormait une bouteille de gueuse-lambic.

Quand la bière fut versée et qu’on eût chanté