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Page:Courouble - La Famille Kaekebrouck,1902.djvu/244

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LA VENGEANCE DE Mme POSENAER

favorable, tira de sa poche la fameuse lettre de Mosselman et la lui tendit par-dessus la table.

Mais les dames s’interrompirent pour protester : non, non il fallait que Kaekebroeck lût cette lettre lui-même à haute voix. Alors Joseph déplia les feuillets, illustrés d’une bleuâtre vignette d’hôtel, et, après une petite tousserie de prôneur, il commença au milieu d’une vive attention la lecture de ce document plein d’intérêt.

Dès les premières phrases Mme Posenaer avait tressailli, car il lui semblait entendre la voix même de Mosselman. Mais elle surmonta son trouble et réussit à prendre une attitude dégagée. Bientôt, elle sourit sans effort avec tout l’auditoire aux passages amusants de cette épitre fantaisiste où Ferdinand exprimait le charme de sa femme et la joie des heures présentes, d’une plume toute remplie de réticences moqueuses. Il y avait tant de bonne humeur entre ses parenthèses, un mouvement, une couleur si comique dans le récit de ses impressions de Brusseleer découvrant la Suisse et les lacs, une telle broderie de finesse autour d’une lourdeur voulue, qu’il eût déridé son plus mortel ennemi.

Mais Mme Posenaer n’avait plus de haine. À voir la douce expression de sa physionomie, le