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Page:Courouble - La Famille Kaekebrouck,1902.djvu/263

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LA VENGEANCE DE Mme POSENAER

Au bout de quinze jours, ils furent méconnaissables. Les figures s’étaient hâlées profondément, fors celle de Mme Rampelbergh qui s’entourait d’un triple voile de gaze afin de protéger sa couperose contre l’ardeur brunisseuse du soleil.

Le bout de leur nez brasillait. Presque tous, ils engraissaient à vue d’œil.

— Oeïe, mais regardez une fois Joseph, disait joyeusement Adolphine à ses amies, est-ce que vous ne trouvez pas qu’il devient si gros ? Voyez un peu son derrière ! Je ne sais vraiment pas ce que ça va devenir…

Par un phénomène étrange, et alors que la fluette Mme Van Poppel elle-même forcissait et s’étoffait, un seul d’entre eux semblait perdre chaque jour un peu de son embonpoint, devenait plus svelte, plus desgourd, et c’était M. Posenaer.

Une révolution d’âme et de sens était en train de déboursoufler l’épicier. L’air chargé d’iode lui enflammait le sang. Une joie intérieure étincelait dans ses yeux, animait, transfigurait sa physionomie d’ordinaire si placide. Il s’éveillait d’un long sommeil ; il savait à présent le vrai mot de