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Page:Courouble - La Famille Kaekebrouck,1902.djvu/273

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Cependant, les âniers s’étant parlé bas, l’un d’eux s’avança et, sous couleur de resserrer une sangle, piqua traîtreusement la bourrique dans la fesse. La pauvre bête fit un écart et, soudain, partit au grand trot comme mordue par un taon.

Cette fois, Mme Rampelbergh poussa des clameurs sincères. Presque renversée sur le dos, elle tressautait, hoquetait, bavait, tirant sur les guides de toute sa force.

Dans ce péril évident, l’intrépide Kaekebroeck, oubliant sa rancune, vola au secours de l’absurde amazone et parvint à la maintenir en selle jusqu’à ce que la bourrique voulût bien stopper près d’une borne kilométrique.

Aussitôt, Mme Rampelbergh mit pied à terre où elle s’empressa d’injurier la bête et les âniers.

Cet incident maintint les excursionnistes en belle humeur, d’autant que le droguiste ne décolérait pas et fulminait contre la maladresse de Malvina.

— Eh bien, savez-vous ce que vous faites, lui dit brusquement Joseph encore tout essoufflé, changez d’âne avec votre femme !

Le droguiste n’avait pas prévu cette permutation que la sollicitude conjugale ne lui eût du reste jamais suggérée. Il fit d’abord la sourde