Page:Courouble - La Famille Kaekebrouck,1902.djvu/288

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leva brusquement sous prétexte d’aller voir un peu ce que faisait la petite Jeanne.

— Allons, Frans, s’écria gaiement Mme Posenaer, rends-toi utile. Tu ne fais rien du tout. On sait bien que tu découpes comme un ange !

On poussa la poularde devant l’épicier qui, très flatté, aiguisa son couteau en souriant et fonça sur la bête avec vigueur.

C’était décidément un virtuose, d’une dextérité sans égale. En un clin d’œil, il eut enlevé les cuisses, arraché les ailes. Mais son talent s’affirma surtout dans la manière dont il découpa les aiguillettes, en tranches fines, presque transparentes.

Ce fut un plat délicieux et l’on en fit compliment à l’aimable jubilaire.

— Oh ce n’est pas moi qu’il faut féliciter, protesta Charlotte avec modestie, mais cette dame que vous voyez là-bas…

Et elle désignait Adolphine qui tendait justement un os de cuisse au petit Albert afin qu’il demeurât tranquille.

— Oui, oui, c’est elle qui a tout fait, qui a soigné pour les provisions… car moi, vous comprenez, j’étais trop patraque…

Mme Kaekebroeck se défendit, assura qu’elle n’avait aucun mérite à cela.