Aller au contenu

Page:Courouble - La Famille Kaekebrouck,1902.djvu/289

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Non, non, dit Mme Rampelbergh en crachant des noyaux de compote sur son assiette, on a beau dire, au bord de la mer on ne l’a pas comme on veut. Et puis ça sont des voleurs ; ils font tout payer double et triple. Figurez-vous…

Elle partait dans une histoire, quand le Champagne détonna. Joseph fit aussitôt sonner son verre et proposa de boire à la santé de Mme Posenaer. Les flûtes s’entrechoquèrent au milieu d’un grand tapage de voix et de rires qui arrêtaient les passants sur la digue. Et les enfants, rappelés du dehors, tournaient autour de la table pour trinquer avec tout le monde.

Cependant, excité par le bruit, le petit Albert s’était dressé sur sa chaise et brandissait son os de cuisse en poussant des cris aigus. On eût dit d’un jeune chef d’orchestre prodige — beaucoup plus précoce que Mozart — dirigeant à huit mois une ouverture compliquée et superbement polyphonique.

Par malheur, il continua de brailler quand l’animation des convives se fut apaisée ; et rien ne réussit à le réduire au silence, ni les mots de douceur d’Adolphine, ni les yeux chargés de menaces de son père. Il allait ainsi crescendo, s’enivrant de son vacarme, criant, riant, tapant