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Page:Courouble - La Famille Kaekebrouck,1902.djvu/30

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LE CHÂTIMENT

printemps dans sa jolie robe de foulard crême très ouverte, ceinturée de soie rose. Et sur sa tête vive, elle avait posé un immense, mais léger chapeau de paille où se pressaient un tas de petites roses mortes d’un ton délicieux.

À cette vue, Mme Keuterings se renfrogna. Mais son dépit s’accrut davantage encore quand Mme Posenaer, sous prétexte que des petits charbons volaient dans ses yeux, abaissa sa voilette sur laquelle se trouvaient appliquées deux mignonnes mouches noires.

Décidément, elle était à la dernière mode ! Mme Keuterings se sentait dépassée !

Alors, tous ces gens joyeux et bavards lui parurent odieux et communs. Sa fièvre heureuse la quitta. Elle devint morne et regarda jalousement la petite Mme Posenaer qui riait de toutes ses dents blanches, un peu séparées, en écoutant les histoires de Marseillais que contait Ferdinand, un garçon « farce » toujours si amusant en société…

Soudain, pendant l’arrêt à Boitsfort, M. Keuterings interpella sa femme de l’autre côté du wagon.

— Clémence, vous êtes si pâle ! Qu’est-ce que vous avez donc ? Vous êtes malade !