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DE Mme KEUTERINGS

— Oh ! très peu, très peu. Mais vous remplissez mon assiette !

— Bah ! nous partagerons !

La servante s’éloignait, quand les deux femmes, présentèrent en même temps leur assiette au jeune homme.

— Partagez, monsieur Ferdinand, dirent-elles, en se lançant un regard agressif.

— Sapristi, pensa le sémillant Mosselman, voilà le conflit !

Il ne savait à laquelle des deux il obéirait d’abord, craignant de montrer la préférence de son cœur. Brusquement, il eut une inspiration :

— Eh bien ! servez-moi, dit-il, en riant.

Aussitôt, d’une fourchette impétueuse, les deux femmes firent couler les portions dans son assiette. Mais elles avaient compté sans le jus qui, tout à coup, jaillit, éclaboussa la nappe et l’idéal plastron de Ferdinand.

— Oeie, Oeie ? s’écrièrent les deux femmes consternées.

— Ce n’est rien, ce n’est rien ! grinça le jeune homme qui retint un juron de fureur.

Mais, déjà, ses voisines tamponnaient avec leur serviette la chemise éprouvée.

— Hé, vous me chatouillez ! dit Ferdinand en