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Page:Courouble - La Famille Kaekebrouck,1902.djvu/69

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DE JOSEPH KAEKEBROECK

trémoussaient, se ruaient à reculons en traînant sur les carreaux de marbre de larges « loques à reloqueter. »

Quant au grand escalier, c’était une véritable cascade ; une eau lourde et grise, mousseuse, coulait de marche en marche pour se précipiter dans le petit vestibule, où elle formait des mares tout de suite bues par de tournoyantes « loques » que les filles lançaient d’un beau geste et qui retentissaient en tombant : Plache !

— Hein, dit Platbrood en se garant d’un haut derrière qui fonçait justement sur lui avec impétuosité, c’est les grandes eaux aujourd’hui ! On sait bien quand ça commence, mais on sait pas quand ça finit…

— Où sont mes caioutchoucs ? s’écriait Adolphine enjambant une brosse, tandis que Joseph faisait mine de se ficher par terre.

Cependant, une jeune servante, relevant ses mèches d’un avant-bras marbré, robuste comme une cuisse, tordit vigoureusement au-dessus d’un seau sa loque qu’elle agita et déploya d’une secousse. Puis, elle la jeta sur les dalles : les jeunes gens tapèrent dessus leurs bottines humides.

Alors, Platbrood tourna la crosse d’une porte :

— Maintenant, dit-il, on peut se risquer…