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Page:Cousturier - La Forêt du Haut-Niger, 1923.pdf/55

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effleurant successivement d’un index rapide, contrôle l’identité du nombre des pieds écrits et chantés ; car chaque caillou touché représente une syllabe émise par le chanteur ; si celui-ci en ajoute une, de son cru, ou en omet une, ou s’il saute un vers, ce sont des rires qui le bafouent. Des douze hommes, presque tous se plaisent à subir mains au dos, sur la sellette, cette épreuve de prosodie. Mais, au fait, que disent ces vers ? Mon interprète ne peut ou ne veut pas me le dire. Peut-être ne signifient-ils rien : simples sons choisis pour faire résonner agréablement les cordes vocales. Ou peut-être sont-ils une formule obscène rituelle ? Bien délicates, en tous cas, sont les modulations qu’ils ont inspirées ; de courts intervalles majeurs et mineurs, frais et paisibles, comme le murmure des eaux.