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Page:Cousturier - La Forêt du Haut-Niger, 1923.pdf/72

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— Cet oiseau-là partout où on arrête, il arrive vite pour crier. Alors l’indigène l’appelle « celui qui vient réclamer. »

Sur notre chemin, comme sur tous les chemins de la Guinée, nous rencontrons des tourterelles ; elles semblent nous attendre, mais quand nous les approchons trop, d’un coup d’aile elles vont un peu plus loin, toujours sur la route ; Moriama m’explique pourquoi, sans que je le lui demande.

— Un homme déjà vieux un peu, dit-elle, marchait toujours seul. Il n’avait pas trouvé de femme pour se marier parce qu’il n’avait pas de parents, pas d’argent. Personne ne le regardait dans le village, parce qu’on ne peut pas regarder un homme qui n’a pas de famille. Il était forcé de rester dans la brousse à marcher toujours et il ne voyait rien que les tourterelles sur le chemin. Alors il a dit à une tourterelle : Je suis bien fatigué d’être seul. Personne, dans le village, ne veut de moi pour mari ; mais toi, tu es bien gentille, peut-être tu voudras bien te marier avec moi ? La tourterelle l’a écouté, elle est