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Page:D. - Mémoires d’une danseuse russe, 1893.djvu/114

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Les deux martyrisés, que les maîtres laissèrent un moment dans cette posture humiliante, las de hurler, égosillés d’ailleurs, sanglotèrent à fendre l’âme.

Tous les serviteurs paraissaient navrés. Mais le boyard et la boïarine, et surtout les deux amies paraissaient enchantés. Ils l’étaient en effet pour des motifs divers.

Si le serf Yvan n’était pas un homme pour la jeune barine, il avait paru tel aux deux amies, et tel même qu’elles durent s’avouer entre elles, qu’elles n’avaient jamais vu la marque de l’homme aussi apparente, l’emblème de la virilité aussi prononcée. Elles voulurent pousser jusqu’au bout la constatation, et s’assurer, « de visu et de contactu », s’il était vraiment aussi mâle qu’il le montrait, ce serf-là. Ce n’était peut-être qu’une vaine ostentation. Elles le sauraient bien en le mettant au pied du mur.

Elles eurent le courage d’aller trouver le soir même dans son lit le pauvre diable encore tout saignant, le corps entouré de