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Page:D. - Mémoires d’une danseuse russe, 1893.djvu/133

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une fessée à la main, mais à tour de bras par exemple à lui faire fumer la peau.

C’était la première fois qu’elle l’envoyait à son fils, munie d’un billet de correction, dans lequel elle lui enjoignait sans doute d’appliquer une bonne fessée à la porteuse du message. Nous devinions toutes ce que ce billet contenait, et nous nous attendions à voir le jeune barine ne pas ménager le gros postérieur qu’on recommandait à ses bons soins, plus qu’il ne ménageait les nôtres. Nous étions toutes là, les poupées vivantes. À l’entrée de cette belle fille qui était la favorite de madame, à l’aspect de ce corps plantureux, que la maîtresse fouettait si peu souvent nous nous réjouissions à la douce pensée que le jeune maître allait se distinguer en tannant un peu ce bel arrondissement.

La jeune barine se présentait pour l’aider à la trousser, mais le jeune homme lui fit signe que non, et il se livra lui-même à cette opération délicate, comme il en avait l’habitude, mais en y mettant tout le temps. La jeune fille s’était présentée à lui avec une confiance sereine, comme si elle comp-