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Page:D. - Mémoires d’une danseuse russe, 1893.djvu/14

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VIII
AVANT-PROPOS.

telle débordante façon, qu’ici encore elle eu fait tomber à genoux le chroniqueur fasciné. Elle était calme, souriante, comme si elle ne nous avait rien montré que ce qu’on montre à tout le monde.

Elle nous demanda si nous désirions connaître la cause du développement anormal de ses fesses.

Je crois bien que nous voulions l’entendre de sa bouche, le récit ne pouvait manquer d’être piquant, et nous tendîmes une oreille attentive.

Elle nous raconta, avec le bagout d’une véritable Parisienne, entretenant sa verve par des coupes de champagne qu’elle vidait de temps en temps, buvant çà comme du petit lait, qu’elle était née, qu’elle avait passé son enfance, son adolescence, et une partie de sa jeunesse dans le servage.

Elle avait souffert moralement et physiquement dans les diverses conditions, où elle avait passé son existence, fouettée à tout propos chez le boyard, par la gouvernante, les maîtres et les enfants, chez la modiste où on l’avait mise en apprentissage par la maîtresse et par les clientes qui venaient se plaindre ; à l’Académie Impériale de Danse, où la chorégraphie s’enseigne le fouet en main, comme si l’art de la danse devait entrer par les fesses. Et rien n’aide au développement de ces parties là, comme la flagellation continue. On ne lui avait pas ménagé les corrections depuis son enfance.

Les détails piquants dont elle émailla son alerte