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Page:D. - Mémoires d’une danseuse russe, 1893.djvu/332

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de seize ans, qu’on avait arrachée à sa mère, sous prétexte que le père avait conspiré, et qu’il s’était enfui. On l’avait d’ailleurs arrêté chez un de ses amis, qui avait été coffré lui aussi. Mais à lui on ne pouvait pas enlever de fille, pour la bonne raison qu’il n’en avait pas.

Mina fut placée dans notre atelier, où elle devait apprendre la couture. Mais le premier jour elle ne put rien faire. Elle pleura toutes les larmes de son corps de se savoir emprisonnée jusqu’à vingt ans, dans un orphelinat dont elle connaissait, par ouï dire, les turpitudes et les hontes par lesquelles passaient les prisonnières, car on était dans une véritable prison.

Le lendemain elle n’était pas plus consolée que la veille. Elle pleurait à chaudes larmes, incapable de pousser l’aiguille, quand le général, que je n’avais pas encore vu dans l’atelier, entra suivi de la gouvernante. À la vue de la nouvelle venue qui pleurnichait, il fronça le sourcil.

Ce froncement était significatif. La maîtresse vint prendre Mina par la main, la fit s’agenouiller, la troussa, découvrant un