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Page:D. - Mémoires d’une danseuse russe, 1893.djvu/481

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distingué, qui tenait par la main une jeune fille de quinze ou seize ans d’une beauté remarquable, suivi d’une fille de chambre qui entra à leur suite. Tous les yeux étaient braqués sur cette jolie fille qui rougissait sous les regards des curieux.

Son conducteur me prit dans un coin, et me dit qu’ayant entendu vanter mon talent d’éducatrice, il avait résolu de me confier l’éducation chorégraphique de cette jeune fille, qu’il avait achetée la veille dans un orphelinat, où elle désespérait ses maîtres par son inaptitude à tous les métiers. Peut-être aura-t-elle plus de dispositions pour la chorégraphie.

— Je vous prie, me dit-il en terminant, de ne pas lui ménager les arguments frappants, et de la traiter avec la plus grande sévérité. Je ne serais pas fâché qu’elle gardât longtemps le souvenir de votre première leçon.

Je devinai, à la rougeur des joues de la jeune fille et aussi aux recommandations de son maître, que celui-ci avait imaginé de la faire fouetter en public pour assouplir son caractère et la plier à ses fantaisies.