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Page:Darien, Bas les coeurs, Albert Savine éditeur, 1889.djvu/159

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frère. Ah ! Legros, manqueriez-vous de cœur, par hasard ? Vous aurais-je mal jugé jusqu’ici ? Mettre en balance des intérêts supérieurs et un léger sacrifice !

— Oh ! vraiment, madame ! fait Mme Arnal, toute rouge. Vous exagérez un peu.

— Pas le moins du monde, Judith a bien fait. Et je ferais, comme elle, moi !

— C’est brave, je l’avoue, déclare M. Beaudrain ; mais c’est peut-être aller trop loin.

Je vous demande un peu pourquoi. Moi, je trouve ça tout naturel. Judith s’en va dans la tente d’Holopherne et, lorsqu’il est endormi, lui coupe la tête. Voilà. C’est très simple. Et je ne comprends pas pour quelle raison ma sœur, qui vient d’entrer dans le berceau, est devenue rouge comme une pivoine.

— Quand les circonstances l’exigent, je comprends tout ! s’écrie l’épicière en regardant Mme Arnal, pendant que son époux lui frappe sur l’épaule et que mon père sourit, ainsi que M. Beaudrain.

— Le fait est, dit le professeur, qu’il n’y a guère de pièce sans prologue, et que, lorsqu’on tient à arriver à l’épilogue…