Aller au contenu

Page:Dax - Sans asile, paru dans la Revue populaire, Montréal, mai 1919.djvu/30

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le temps n’avait paru long ni au peintre ni à la jeune femme.

Trois quart d’heure s’étaient cependant écoulés depuis l’arrivée de Malcie.

Dans le fiacre, Fulbert se tournait et se retournait.

Un instant, il était sorti du véhicule, car l’air lui manquait avec toutes les idées qui lui venaient et qui le congestionnaient.

Cela n’avait pas été long. Il craignait de voir, tout à coup, sa maîtresse devant lui. La corvée lui paraissait assez ennuyeuse sans la compliquer davantage.


Une heure plus tard, Malcie quittait l’hôtel, à pied.

Comme le cocher n’avait pas les motifs d’inaction, il était descendu de son siège pour faire un brin de causette avec son client.

En devisant, ils brûlèrent des cigarettes jusqu’au moment ou l’automédon regarda Fulbert, d’un air significatif.

— Mon ami, ça y est !… V’là la blonde apparition ! Chacun à son porte !

De satisfaction, Fulbert se recampa. Le premier fiacre déambula.

Le second suivit.

À quelques minutes d’intervalle, Malcie et Fulbert rentrèrent à l’hôtel de la rue d’Aguesseau.

Le capitaine Jean attendait.

— Eh bien ?

— Eh bien, monsieur, nous avons été rue Notre-Dame-des-Champs.

— Directement ?

— Oui.

— En voiture ?

— En voiture.

— Là-bas, n’est-ce pas, dans le haut de la rue de Rennes ?

Jean, à part lui, se disait :

« C’est au même endroit que l’autre matin. après la lecture de la lettre ».

— Du reste, expliqua Fulbert tirant de sa poche un carnet qui devait avoir de longues années de service, l’affaire est d’une telle délicatesse que je ne veux pas qu’il y ait confusion. J’ai pris des notes. Voilà le numéro du fiacre retenu par madame.

…Le numéro de la maison.

…Le nom de la rue.

…L’heure de l’arrivée.

…Celle de la sortie.

…La visite a duré quarante-cinq minutes, montre en main.

— C’est bien. Je ne te croyais pas aussi habile. Tu m’es dévoué. Je t’en serai reconnaissant.

— Ce que j’ai accompli ce matin, je le renouvellerai quand monsieur le capitaine le commandera.

…Mais que Monsieur Jean attende pour s’inquiéter… pour se monter la tête. Je mettrais ma main au feu qu’il n’y a rien de ce que monsieur s’imagine.

— Je te remercie de tes conseils. Va à ta besogne. Fais-toi aider par l’ordonnance.

…Fulbert ?

— Monsieur le capitaine.

— Comment est-il, cet immeuble où madame d’Anicet a pénétré ?

— Monsieur sait qu’à Paris ce n’est pas comme en Provence : les devants ne don-