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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/303

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MÉMOIRES SECRETS

9. — Une nouvelle Muse femelle se met sur les rangs : madame Guibert vient de publier ses amusemens poétiques[1], en un petit volume in-8o, avec son portrait à la tête. C’est un recueil de pièces en tous genres. Il y a entre autres un drame en cinq scènes, intitulé la Coquette corrigée, tragédie contre les femmes ; une comédie en un acte et en vers libres, intitulée les Rendez-vous. Ce qu’il y a de plus piquant dans tout cela, c’est un ton hardi, agaçant, que tout le monde ne prendra pas pour le ton philosophique. Madame Guibert parait avoir trop secoué les préjugés.

10. On sait que M. Vanloo, premier peintre du roi, a peint, il y a quelque temps, mademoiselle Clairon en Médée, tenant d’une main un flambeau et de l’autre le poignard encore teint du sang de ses enfans, insultant a la douleur de Jason, et bravant sa colère. Le roi ayant ordonné que ce tableau fût gravé, l’habile peintre en a fait un second, propre à faire plus d’effet en gravure. L’estampe a été exécutée par MM. Laurent Cars et Jacques de Beauvarlet, graveurs du roi et de son Académie de Peinture. La tête de Médée, c’est-à-dire de mademoiselle Clairon, est l’ouvrage de M. de Beauvarlet.

11. — Les changemens faits à la nouvelle salle d’Opéra sont médiocres et n’en réparent point les défauts. On a seulement reculé ces loges immenses qui offusquaient tout le reste.

12. — Il paraît dans le monde une lettre datée de Neufchâtel, du 15 mars 1764, qui a pour titre : Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Genève, à Jean-François de Montillet, archevêque et seigneur d’Auch, primat

  1. Poésies et Œuvres diverses de madame Guibert ; Amsterdam, 1764, in-8o. — R.