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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/382

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JANVIER 1765

ceur, sinon aussi criminelle que l’ingratitude, indique toujours une âme méchante et un cœur gâté.

5 Février. — Quoique M. de Sartines et M. le vice-chancelier paraissent avoir le projet de supprimer tout-à-fait le Journal de Trévoux, depuis la mort du continuateur, M. Jolivet, ces magistrats se sont laissés aller aux sollicitations de messieurs de Sainte-Geneviève, et il paraît que cet ordre s’est emparé de la continuation. Il est actuellement entre les mains de M. Mercier, bibliothécaire de Sainte-Geneviève, et de M. le duc de La Vallière. C’est un littérateur de beaucoup d’érudition, et qui a un génie caustique, propre à répandre le sel nécessaire à un pareil ouvrage. On commence à en être plus content, depuis qu’il est entre ses mains.

6. — M. de Rosoy vient de faire imprimer une tragédie, ayant pour titre les Décius Français, ou le Siège de Calais. Il rend compte dans une préface assez longue des raisons qui l’ont déterminé à devancer M. de Belloy ; il affirme que sa pièce, présentée aux Comédiens dans le temps que celle-ci était encore au berceau, resta longtemps entre leurs mains, et qu’après lui avoir été rendue sans qu’on lui donnât aucune raison du retard et du refus, il apprit qu’elle avait été dans les mains d’un ami du Comédien à qui il l’avait confiée, lequel ami était fort lié avec M. de Belloy. Il insinue qu’il se pourrait trouver une ressemblance entre les deux drames, et qu’il veut éviter d’être accusé de plagiat. Le reste de sa préface contient deux anecdotes, dont nous avons déjà fait mention, l’une concernant le Cromwell de M. du Clairon[1], et l’autre le Titus de M. de Belloy[2].

  1. V. 20 juin 1764. — R.
  2. V. 10 mai 1762. — R.