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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/470

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OCTOBRE 1765

croit avoir à la pension de M. Clairaut ; il ajoute que l’Académie a écrit aux ministres à deux reprises differentes, les 18 mai et 14 août, que cette pension était dévolue à ce géomètre comme plus ancien, et qu’elle a joint d’ailleurs à cette démarche en sa faveur les marques d’estime les plus flatteuses. Il ajoute que jusqu’au moment ou il écrit l’Académie n’a reçu aucune réponse à ses lettres, réponse nécessaire pour le faire jouir de cette pension. Il prétend enfin que sa maladie n’est point une suite du chagrin prétendu que le refus ou le délai de cette pension lui a causé. Il joue la mauvaise santé, et singe Voltaire en cette partie. Il fait encore un étalage de sa philosophie, et, à travers sa modestie, on découvre l’orgueil le plus cynique, dont il a donné déjà trop de preuves.

28. — On voit dans le Journal encyclopédique du ier octobre 1765, une Épître de M. le comte de Schowalow à M. de Voltaire. Cet ouvrage, en vers de dix syllabes, est si bien écrit, qu’il est difficile de croire qu’il puisse être sorti de la plume d’un étranger. Ceux qui sont au fait de toutes les manœuvres littéraires formeront peut-être là-dessus des conjectures que nous n’osons hasarder : nous nous contenterons de citer la fin de cette épître. Après l’éloge le plus pompeux et le plus universel des talens et du cœur de son héros, le poète dit :


J’entends le cri des cœurs reconnaissans
Vous célébrer comme un Dieu tutélaire ;
Je vois fumer leur légitime encens ;
Et si Zoïle, armé de l’imposture,
Voulait ternir vos bienfaits renaissans,
Le monde entier, dans sa volupté pure,
Attesterait à la race future
Que vos vertus égalent vos talens.