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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/95

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Il a passé par tous les états ; il a été assommé, percé, crucifié : sa vocation est des plus décidées.

6. — On répand dans le public un prospectus de la nouvelle édition de Corneille, entreprise par M. de Voltaire. Cet ouvrage sera de dix à douze volumes. Il sera orné de trente-trois estampes, dessinées par M. Gravelot ; mais le plus précieux consiste en remarques historiques et critiques sur la langue et sur le goût. L’exemplaire ne coûtera que deux louis : on n’en tirera que deux mille cinq cents. Tout le monde doit savoir que le profit qui en résultera doit être mis en masse pour doter mademoiselle Corneille. Quelle plus noble dot que celle-là ?

6. — Les Comédiens Français font célébrer aujourd’hui avec beaucoup de pompe un service solennel, à Saint-Jean-de-Latran, pour le repos de l’âme de M. de Crébillon. On dira des messes dans la même vue, depuis huit heures du matin jusqu’à midi. Ils ont envoyé par tout Paris, des billets d’invitation pour y assister. Tout cela se fait en dépit de M. l’archevêque, dont la juridiction ne s’étend point sur le curé de Saint-Jean-de-Latran.

— L’Opéra a donné aujourd’hui la première représentation de la reprise des Caractères de la folie, joués pour la première fois le 20 août 1743, paroles de M. Duclos. Jamais spectacle n’a été plus triste et plus ennuyeux. On

    voix de leurs directeurs. De nouvelles convulsions se manifestèrent chez elles ; et le tombeau du bienheureux diacre n’étant plus accessible, il fallut aviser à un autre moyen de les en délivrer. Aux unes on perça les mains avec de grands clous, et on les mit en croix ; aux autres on asséna sur la poitrine et le dos de violens coups de bûches ou de grosses chaînes en fer : cela s’appellait des secours. Quelques prêtres poussèrent le délire du fanatisme jusqu’à se rendre les exécuteurs de ces cruautés. On peut voir dans la Correspondance littéraire de Grimm, 15 avril 1761, de curieux détails sur les convulsionnaires et les secouristes. — R.