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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/99

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Comédiens n’ont rien épargné pour faire célébrer avec toute la pompe funéraire le service de M. de Crébillon. L’église était toute tendue de noir et fort illuminée. La compagnie était des plus nombreuses. L’Académie Française y avait été invitée ; elle s’y rendit par députation. L’Opéra, la Comédie Italienne, tous les corps comiques y ont assisté de même. On est allé à l’offrande dans la plus grande régularité. Les actrices était sans rouge. Mademoiselle Clairon, en long manteau, menait le deuil. Cette sublime Melpomène a représenté avec toute la dignité convenable. Arlequin y a figuré aussi. Enfin tout a concouru à rendre cette cérémonie aussi mémorable que risible.

11. — On a représenté, il y a quelques jours, à Bagnolet, chez M. le duc d’Orléans, une pièce en deux actes[1], de Collé, si connu par les Amphigouris. Elle a pour titre : le Roi (c’est Henri IV) et le Meunier. Ce petit drame a eu le plus grand succès, et le mérite, par la naïveté qui y règne. M. le duc d’Orléans jouait un des principaux rôles, le Meunier. Grand val faisait Henri IV.

14. — Le sieur Palissot a fait imprimer sa comédie du Rival par ressemblance. Il a abandonné le titre des Méprises, parce que, dit-il, un plaisant s’est écrié ingénieusement, que c’était une méprise de l’auteur.

Il cite modestement pour épigraphe un vers de ses Philosophes :


Et nous ferons un bruit à rendre les gens sourds.


Il se plaint encore plus modestement dans sa préface de ce qu’on n’a pas voulu voir en lui un second Molière : il en appelle au public équitable, et trouve qu’il y a beau-

  1. Collé ajouta depuis un troisième acte qui est le premier. — R.