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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, 1619, édition Boulenger, 1909.pdf/21

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la présente comme une femme nourrie « de l’esprit du siècle », et qui entretient « dans son cœur l’amour des vanités, qui est opposé à la grâce du christianisme ».

C’est à ce moment de sa vie que Dieu mit sur sa route l’évêque de Genève. Ce n’est pas que Madame de Charmoisy n’eût, dès son arrivée en Savoie, entretenu avec lui les relations de voisinage, d’amitié, de parenté, qui l’unissaient depuis longtemps à son mari. Même elle avait eu maintes fois l’occasion d’entendre sa parole ; et comme elle était d’ailleurs, suivant l’expression d’un contemporain[1], « douée d’un très bon esprit et d’un courage mâle », elle n’avait pas laissé que d’être « émue par la force des prédications » de Monsieur de Genève, comme elle avait commencé sans doute d’être vaincue par le charme impérieux et doux de son éloquence. Pour elle, comme pour tant d’autres âmes, il était vrai de dire que c’est la grâce divine qui, en même temps que la persuasion, tombait des lèvres du prédicateur. Et c’est à ce temps de préparation et de rénovation intérieure, qu’il faut rapporter sans doute quelques mots obscurs de la préface de l’Introduction, où l’auteur, parlant d’une « âme vraiment pleine d’honneur et de vertu » que Dieu appelait à la dévotion, ajoute qu’il avait longtemps auparavant remarqué en elle beaucoup de disposition pour ce dessein ». Philothée était sur la voie qui mène, comme dit saint François de Sales, « à la terre promise I de la vraie dévotion » ; un sermon que l’évêque de

  1. Charles-Auguste de Sales, prévôt de l’église de Genève, Histoire du bienheureux François de Sales, Vivès, Paris, 1837.