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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, 1619, édition Boulenger, 1909.pdf/22

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Genève prêcha le 24 janvier 1604, et qui semble avoir exercé sur elle une action plus décisive, l’y engagea plus résolument encore : c’est à cette date que Philothée signa, suivant l’usage du temps, une protestation solennelle, où elle demandait « grâce, pardon et merci de ses ingratitudes, déloyautés et infidélités envers Dieu » ; elle « se sacrifiait et s’immolait à sa souveraine majesté », et implorait d’elle « la force et la grâce requise pour parfaire ce sacrifice cordial et intérieur, en odeur de suavité ». Cette « grâce » lui fui accordée trois ans après, au cours du carême de 1607, comme nous l’apprend une lettre de l’évêque de Genève à la baronne de Chantal. « Je viens, écrit-il dans son langage familier, de trouver dans nos sacrés filets un poisson que j’avais désiré il y a quatre ans. Il faut que je confesse la vérité, j’en ai été bien aise ; je dis extrêmement. C’est une dame, mais toute d’or, et infiniment propre à servir son Sauveur »[1].

Désormais Philothée était entrée dans la Terre promise, et elle avait trouvé, dans l’évêque de Genève, le guide qui devait lui en faire parcourir toutes les voies et gravir toutes les cimes. Et quel guide ! On se tromperait si l’on jugeait de son caractère par son style, ou plutôt par les qualités apparentes de son style. Cette abondance unie, cette fluidité molle ne sauraient faire oublier la vigueur de pensée de l’écrivain. Les qualités essentielles de saint François de Sales, celles qui dominent les autres, c’est, après sa piété, — une piété suave —

  1. Lettre du 3 avril 1607.