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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, 1619, édition Boulenger, 1909.pdf/23

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une sagacité pénétrante et un ferme bon sens : il employa l’une à connaître les âmes, l’autre à les diriger, ou plutôt — car le psychologue ne se sépare jamais chez lui du moraliste, — il appliqua l’une et l’autre à les servir et à les aimer. L’évêque assurément avait le regard fixé au ciel, mais sans jamais pour cela quitter la terre ; si bien que nul peut-être ne pénétra plus avant dans les retraites cachées du cœur de l’homme, et surtout de l’homme du monde, que ce saint si pleinement détaché du monde, et que son amour pour l’homme a rendu si tendrement humain. Et c’est pourquoi sans doute il put réaliser, avec tant de bonheur, ce rêve de concilier les devoirs de la vie chrétienne avec les obligations de la vie mondaine.

Qu’est-ce donc que la dévotion ? C’est Saint François de Sales qui va nous répondre. « La vraie et vivante dévotion… n’est autre chose qu’un vrai amour de Dieu »[1] ; mieux que cela, c’est « la douceur des douceurs et la reine des vertus, car c’est la perfection de la charité »[2]. Mais l’amour de Dieu est possible dans le monde comme dans le cloître. Dès lors et c’est une erreur, ains une hérésie, de vouloir bannir la vie dévote de la compagnie des soldats, de la boutique des artisans, … du ménage des gens mariés »[3]. Car, « la dévotion ne gâte rien quand elle est vraie, ains elle perfectionne tout ; et lorsqu’elle se rend contraire à la légitime vacation de quelqu’un, elle est sans doute fausse »[4].

  1. Intr., I, 1.
  2. Ibid., I, 2.
  3. Ibid., I, 3.
  4. Ibid.