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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, 1619, édition Boulenger, 1909.pdf/273

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J’excepte ceux qui ont charge des autres, tant en la famille qu’en la république ; car une bonne partie de leur conscience consiste à regarder et veiller sur celle des autres. Qu’ils fassent donc leur devoir avec amour ; passé cela, qu’ils se tiennent en eux-mêmes pour ce regard.


CHAPITRE XXIX

DE LA MÉDISANCE


Le jugement téméraire produit l’inquiétude, le mépris du prochain, l’orgueil et complaisance de soi-même et cent autres effets très pernicieux, entre lesquels la médisance tient des premiers rangs, comme la vraie peste des conversations. O que n’ai-je un des charbons du saint autel pour toucher les lèvres des hommes, afin que leur iniquité fût ôtée et leur péché nettoyé, à l’imitation du séraphin qui purifia la bouche d’Isaïe ! Qui ôterait la médisance du monde, en ôterait une grande partie des péchés et de l’iniquité.

Quiconque ôte injustement la bonne renommée à son prochain, outre le péché qu’il commet, il est obligé à faire la réparation, quoique diversement selon la diversité des médisances ; car nul ne peut entrer au ciel avec le bien d’autrui, et entre tous les biens extérieurs la renommée est le meilleur. La médisance est une espèce de meurtre, car nous avons trois vies : la spirituelle qui gît en la grâce de Dieu, la corporelle qui gît en l’âme, et