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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, 1619, édition Boulenger, 1909.pdf/279

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Chacun se donne liberté de juger et censurer les princes, et de médire des nations tout entières, selon la diversité des affections que l’on a en leur endroit : Philothée, ne faites pas cette faute ; car outre l’offense de Dieu, elle vous pourrait susciter mille sortes de querelles.

Quand vous oyez mal dire, rendez douteuse l’accusation, si vous le pouvez faire justement ; si vous ne pouvez pas, excusez l’intention de l’accusé ; que si cela ne se peut, témoignez de la compassion sur lui, écartez ce propos-là, vous ressouvenant et faisant ressouvenir la compagnie, que ceux qui ne tombent pas en faute en doivent toute la grâce à Dieu. Rappelez à soi le médisant par quelque douce manière ; dites quelque autre bien de la personne offensée, si vous le savez.


CHAPITRE XXX

QUELQUES AUTRES AVIS TOUCHANT LE PARLER


Que votre langage soit doux, franc, sincère, rond, naïf et fidèle. Gardez-vous des duplicités, artifices et feintises ; bien qu’il ne soit pas bon de dire toujours toutes sortes de vérités, si n’est-il jamais permis de contrevenir à la vérité. Accoutumez-vous à ne jamais mentir à votre escient, ni par excuse ni autrement, vous ressouvenant que Dieu est le Dieu de vérité. Si vous en dites par mégarde et vous pouvez les corriger sur le