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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, 1619, édition Boulenger, 1909.pdf/280

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champ par quelque explication ou réparation, corrigez-les : une excuse véritable a bien plus de grâce et de force pour excuser, que le mensonge.

Bien que quelquefois on puisse discrètement et prudemment déguiser et couvrir la vérité par quelque artifice de parole, si ne faut-il pas pratiquer cela sinon en chose d’importance, quand la gloire et service de Dieu requièrent manifestement : hors de là, les artifices sont dangereux, car, comme dit la sacrée Parole, le Saint Esprit n’habite point en un esprit feint et double. Il n’y a nulle si bonne et désirable finesse, que la simplicité, Les prudences mondaines et artifices charnels appartiennent aux enfants de ce siècle ; mais les enfants de Dieu cheminent sans détour, et ont le cœur sans replis. « Qui chemine simplement, dit le Sage, il chemine confidemment ». Le mensonge, la duplicité, la simulation témoignent toujours un esprit faible et vil.

Saint Augustin avait dit au quatrième livre de ses Confessions, que son âme et celle de son ami n’étaient qu’une seule âme, et que cette vie lui était en horreur après le trépas de son ami, parce qu’il ne voulait pas vivre à moitié, et que aussi pour cela même il craignait à l’aventure de mourir, afin que son ami ne mourût du tout. Ces paroles lui semblèrent par après trop artificieuses et affectées, si qu’il les révoque au livre de ses Rétractations, et les appelle une ineptie. Voyez-vous, chère Philothée, combien cette sainte belle âme est douillette au sentiment de l’afféterie des paroles ? Certes, c’est un grand ornement de la vie chrétienne que la fidélité, rondeur et sincérité du langage « J’ai dit, je prendrai garde à mes voies, pour ne point pécher en ma langue…… Eh !