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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, 1619, édition Boulenger, 1909.pdf/352

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Dieu, comme : « O Dieu de miséricorde ! mon très bon Dieu ! mon Sauveur débonnaire ! Dieu démon cœur ! ma joie, mon espérance, mon cher époux, le bien-aimé de ! mon âme ! et semblables.

Contrariez vivement aux inclinations de la tristesse ; et bien qu’il semble que tout ce que vous ferez en ce temps-là, se fasse froidement, tristement et lâchement, ne laissez pourtant pas de le faire ; car l’ennemi, qui prétend de nous alanguir aux bonnes œuvres par la tristesse, voyant que nous ne laissons pas de les faire, et qu’étant faites avec résistance, elles en valent mieux, il cesse de nous plus affliger.

Chantez des cantiques spirituels, car le malin a souvent cessé son opération par ce moyen ; témoin l’esprit qui assiégeait ou possédait Saül, duquel la violence était réprimée par la psalmodie.

Il est bon de s’employer aux œuvres extérieures et les diversifier le plus que l’on peut, pour divertir l’âme de l’objet triste, purifier et échauffer les esprits, la tristesse étant une passion de la complexion froide et sèche.

Faites des actions extérieures de ferveur, quoique sans goût, embrassant l’image du crucifix, la serrant sur la poitrine, lui baisant les pieds et les mains, levant vos yeux et vos mains au ciel, élançant votre voix en Dieu par des paroles d’amour et de confiance, comme sont celles-ci : « Mon Bien-aimé à moi, et moi à lui. Mon Bien-aimé m’est un bouquet de myrrhe, il demeurera entre mes mamelles. Mes yeux se fondent sur vous, o mon Dieu, disant : quand me consolerez-vous ? O Jésus, soyez-moi Jésus ; vive Jésus, et mon âme vivra. Qui me séparera de l’amour de mon Dieu ? » et semblables.